Vers la croix de Fontfroide qui domine le site et l'abbaye avec ses 220 mètres d'altitude

« A voir »... Dorénavant, je me méfierai quand je verrai qu'un lieu est « à voir »... Parce que ça veut bien dire ce que ça veut dire. A croire que moins il y a à voir et plus on en fait la pub... Bon allé, je vous l'accorde.... Que peut-on s'attendre à voir dans une abbaye fondée en 1093 et cachée dans le creux d'un vallon du massif des Crobières ? Dix siècles d'isolement de vie religieuse.... Qu'est ce que je m'attendais à voir ? J'avoue que d'un point de vue architectural, quand on est passionné, ça vaut le coup d'oeil. Le flyer publicitaire avait raison : « l'impressionnante église abbatiale et sa haute nef, le délicat cloître et sa salle capitulaire du 12e siècle sont remarquablement préservés et plongent les visiteurs dans un voyage à travers les âges ». Mais bon, même avec beaucoup d'imagination, pas facile d'imaginer le mode de vie austère de ces moines qui ont été jusqu'à quatre-vingt dix à y vivre au 12e siècle, avant d'être décimés par la peste noire au 14e siècle. D'ailleurs, il y a tellement à voir qu'une application gratuite « Fontfroide insolite » a été lancée en 2018 par le Parc naturel régional de la Narbonnaise. Vingt trois haltes pour nous faire découvrir l'histoire, la viticulture, les rapaces et la flore des lieux... Dommage pour ceux qui n'ont pas l'application...

Je pense que vous l'aurez compris, malgré la beauté des lieux, je n'ai pas trop apprécié l'endroit... Surtout pour le prix de l'entrée (11,50 quand même). Un prix conséquence direct du « à voir » ? Probablement ! Mais pas que... Ce montant est justifié par la petite histoire... Eh oui ! J'en ai trouvé une ! A la veille de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, les religieux qui se trouvaient dans l'abbaye l'abandonnent en 1901. Alors qu'elle allait tomber aux mains d'un acheteur américain qui souhaitait la démanteler et la reconstruire à New York, deux prospères Biterrois l'achètent en 1908. Du coup, bien que classée Monument historique, l'abbaye est privée et vie grâce aux entrées des visiteurs qui contribuent en grande partie à l'entretien et la restauration des lieux... Quant à la petite partie... elle nous ai quand même imposée...

Du coup, à voir son magnifique cloître et ses vitraux, notamment ceux reconstitués à partir des vitraux de certaines églises d'Alsace détruites à la fin de la Seconde Guerre mondiale... Après pour 11,50 euros (rajoutez deux euros pour une visite guidée)... Une carte postale peut aussi faire l'affaire.... N'en déplaise aux propriétaires des lieux, aux passionnée d'architecture et aux grenouilles de bénitier...

Visible de toute la plaine narbonnaise, la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur se dresse majestueusement au cœur du centre historique de Narbonne. Voilà la digne héritière des cathédrales gothiques du Nord de la France. A noter que la cathédrale est inachevée. Seul le chœur est présent ! Sa hauteur (sous voûte) de 41 mètres en fait la quatrième plus haute cathédrale de France. Après ce que je vous ai dit sur Fontfroide, je ne vous dirai pas que l'abbaye est « à voir » ! Non ! A vrai dire, la visite s'impose tout naturellement. Je suis toujours impressionnée par la grandeur des lieux, des arcades, de la nef... Les vitraux sont magnifiques. L'ouvrage est tout simplement stupéfiant. Et là, je ne parle que de l'intérieur. A l'extérieur, la cathédrale est encore plus impressionnante. Elle se dresse comme une forteresse et en levant les yeux, on peut voir les nombreuses gargouilles surveiller les lieux.

Après la crise des vignerons du début du 20e siècle, les berges de la Robine se sont aménagées pour les promeneurs et les plateaux de plaisance ont remplacé les péniches marchandes d'autrefois.

Narbonne, voilà une ville de l'Aude qui offre un voyage à travers les époques, de l'Antiquité au 18e siècle. Eh ! Oui ! Centre commercial et stratégique dès 118 avant JC, Narbonne est la plus ancienne colonie romaine en Gaule. Elle était d'ailleurs surnommée « la fille ainée de Rome ». Autour de la ville s'étend une mer de vignes. Narbonne, berceau de la vigne française peut-on voir au détour d'un rond-point. En remontant le quai Victor Hugo, les hôtels particuliers rappellent les grandes heures de l'industrie viticole à la fin du 19e siècle.

Le Gouffre de l'Oeil Doux, en voilà une jolie curiosité géologique. L'accès au gouffre se fait à pied. Le chemin pour y arriver n'offre pas nécessairement un très joli panorama mais qu'importe il est isolé de tout bruit humain ! Voilà donc une marche qui se fait en compagnie du bruit du vent et du chant des cigales ce qui est déjà pas si mal. Quelques centaines de mètres après le départ, l'oeil s'ouvre. De toute beauté. Impressionnant.

Je ne suis pas géologue mais d'après ce que j'ai pu lire, cette résurgence d'eau serait née de l'effondrement du plafond d'une des nombreuses galeries situées sous la Clape. Pour me plaire, il existe un nombre incalculable de rumeurs, toutes plus farfelues les unes que les autres. « J’ai entendu dire que Cousteau et son équipe s’étaient déplacés pour explorer les profondeurs et qu’ils n’ont jamais pu trouver le fond ». « Il paraît que c’est un lac d’eau de mer!» « Des personnes se sont noyées sans que jamais on ne retrouve leurs corps ». « La légende transmise par les vieux pêcheurs rapporte que ce lac est si profond qu’il ne porte pas la barque que l’on pourrait y mettre sur son eau »... Évidement, comme partout, il y a des rabat-joies. Ces personnes plus terre-à-terre affirme que le gouffre est en réalité constitué de hautes falaises de calcaires qui dominent une étendue d'eau vert émeraude (bon, ça on l'avait remarqué tout seul!). Ce qu'ils nous apprennent vraiment c'est que la résurgence présente un fond d’environ douze mètres de profondeur. Il existe juste une petite faille qui se jette dans la mer, mais reste insondable. L’eau de mer s’infiltre par cette faille, ce qui rend l’eau légèrement saumâtre. Et comme la baignade y est strictement interdite (attention, il y a eu plus d'un mort), personne n'ira vérifier. Du coup, libre à vous de croire aux on-dits plutôt que de laisser les rabat-joies vous étouffer avec leurs études scientifiques ! Peu importe votre choix, cette petite balade qui se passe entre garrigue et mer reste à voir tant le point de vue est somptueux.

Capitale du Lauraguais, berceau de naissance du cassoulet, port important du Canal du Midi, Castelnaudary a plusieurs cordes à son arc.

Le Grand Bassin (400m de long pour 300m de large) est une étape majeure du Canal du Midi. C'est le plus vaste plan d'eau de l'ouvrage de Paul Riquet. Aujourd'hui, le Grand Bassin n'est consacré qu'au tourisme fluvial mais à la base, il était là pour assurer la prospérité économique de la ville. Bah oui ! Je rappelle qu'au début, le Canal du Midi servait à faciliter le transport des marchandises de Toulouse à la Méditerranée, pas à transporter des touristes payant une fortune la location d'un bateau avançant à 7km/h et n'offrant aucune vue sur les magnifiques paysages alentours ! C'est comme ça que Castelnaudary est resté un pôle commercial pendant près de deux siècles.

Et alors presqu'impossible de parler de Castelnaudary sans aborder le fameux plat qui fait sa renommée : le cassoulet ! Mmmmmmmmh ! Tant pis pour les Toulousains et les Carcassonnais, la légende situe l'origine du met pendant la Guerre de Cent ans, durant le siège de Castelnaudary, où les habitants assiégés auraient réuni les vivres restants, à savoir des fèves et de la viande. Avec le temps, la recette a quelque peu changé. Le cassoulet tel que nous le connaissons apparaît au 16e siècle. C'est fou ! Je trouve même le moyen de vous faire un peu d'histoire culinaire !!

L'histoire de St Papoul commence au 8e siècle : c'est alors un monastère bénédictin sous la protection des souverains carolingiens. L'abbaye fonctionne selon la règle de Saint-Benoit  « ora et labora ». J'explique pour les grands latinistes que nous sommes, « ora et labora » signifie que le temps de travail manuel accompli par les moines devait être égal au temps consacré à la prière. Rapidement prospère, le monastère a recours aux services de l'artiste vedette de l'époque, le Maître de Cabestany (entre parenthèse, personne ne sait son vrai nom ni qui il est vraiment !! C'est un historien qui a décidé de l'appelé comme ça!). Le nom vous dit quelque chose ? C'est normal, c'est le même qu'on retrouve à l'abbaye de St Hilaire. A St-Papoul, il s'est occupé du chevet de l'église en sculptant les chapiteaux. Ça, c'est pour le côté trésor !

Pour ce qui est du côté gore, voilà l'histoire de Saint Papoul, évangélisateur du Lauraguais au 6e siècle. Personnellement, je n'aurai pas aimé connaître le même sort que lui... Je vous explique. L'histoire raconte qu'il aurait été décalotté à 3km au nord du village. Pas mort pour autant, il ramasse sa tête, la pose un peu plus loin sur le sol où une source miraculeuse jaillit.... Comme quoi l'instinct de survie vous faire de ces trucs des fois... ! La rivière Limbe qui arrose l'abbaye voit également le jour à cet endroit. Conclusion : sans ce martyr, les moines auraient du aller chercher leur eau quelques kilomètres plus loin...

Si on en croit les ouïe-dires, Issel, situé sur les contreforts de la Montagne Noire, est un village « fleuri et accueillant, offrant une vue imprenable sur la chaîne des Pyrénées ». Ce n'est pas moi qui vous dira le contraire ! C'est également un « village circulade » qui a gardé les vestiges des douves qui le protégeaient même si elles sont aujourd'hui transformées en plan d'eau. Pour la petite histoire, Issel a été très réputé pour ses poteries au 14e siècle. D'ailleurs, toujours pour en savoir plus, sachez que le cassoulet tire son nom de la cassole, plat en terre cuite fabriqué avec la terre d'Issel. Mais bon, ce n'est pas pour le plaisir de vous dire tout ça que je vous ai emmené à Issel. Non ! Aujourd'hui, le village organise des médiévales avec au programme marché artisanal, musique médiévale, campements médiévaux, savoir-faire médiéval, troubadours, combats médiévaux et spectacle organisé par les bénévoles d'Issel. De quoi passer une bonne journée sous le soleil du Lauraguais.