"It is possible to feel at the same time lost and found"

Et pendant que je suis à vous montrer les différentes “embarcations” que l’on peut trouver dans le port de St John’s, en voici une sur l’eau… Disparaissant dans le brouillard… avant de réapparaître le lendemain comme si de rien n’était. Un vrai bateau fantôme !

Vous voilà entrainer dans un des centres de services et d’approvisionnement les plus accessibles et les plus modernes d’Amérique du Nord. Principal terminal à conteneurs, destination par excellence pour l’industrie des navires de croisières, un des plus grands ports de manutention du poisson de Terre-Neuve-et-Labrador… Autant dire qu’on ne chôme pas sur les activités maritimes ici. Pas étonnant quand on sait que la ville est à proximité de n’importe quelle route maritime !

Un des éléments les plus visibles et les plus frappants de la ville est sans aucun doute la basilique-cathédrale St John’s the Baptist. Pour la petite histoire, lors de sa construction au 19^ème siècle, les plans paraissaient complètement démesurés par rapport à la taille et aux besoins de la population. En fait, la basilique a été construite pour affirmer l’existence et la puissance de la population catholique irlandaise de Terre-Neuve.

Peut-être que le nom vous dira quelque chose ce midi, je vous emmène sur George Street. Pas le meilleur moment pour un tel endroit. Que je vous explique : il s’agit d’une petite rue réputée pour ses nombreux bars et pubs. Vous ne trouverez rien d’autres dans cette rue ! C’est d’ailleurs la rue où l’on trouve le plus de bars et de pubs au mètre carré dans toute l’Amérique du Nord. D’ordinaire, la rue commence à vivre le soir. J’y serai bien allée pour tester l’ambiance mais il y avait un festival et ça m’ennuyait de payer l’entrée à la rue pour écouter de la techno… Ce sera pour une autre fois !

Petite balade matinale dans les rues colorées de St John’s. Outre les couleurs, vous remarquerez que l’architecture est assez spéciale et n’a rien à voir avec les photos que vous avez pu voir de Toronto, Québec ou toute autre ville canadienne. Il ne faut juste pas oublier que St John’s a d’abord été un avant-poste de pêche pour les pêcheurs européens. La ville était alors essentiellement constituée de maisons de pêcheurs, de hangars, de cabanes de stockage, et de quais construits en bois. Comme beaucoup d'autres villes de l'époque gagnée par la révolution industrielle de nouvelles méthodes et matériaux de construction ont été introduits: le paysage urbain a changé car la ville a grandi hauteur. Le grand incendie de 1892 a détruit la plupart du centre-ville, et la plupart des bâtiments à ossature de bois datent de cette période. Une grande partie des maisons de la ville sont généralement peintes de couleurs vives. J’ai lu quelque part que la tradition remonte à loin et que les couleurs permettaient aux pêcheurs revenant de la brume de reconnaitre leurs maisons de loin. Info ou intox, je ne sais pas. A vous de vous faire votre propre idée. A noter tout de même que le conseil municipal a adopté des règlements du patrimoine strictes dans le centre-ville, y compris les restrictions sur la hauteur des bâtiments (avec les controverses que cela peut entrainer étant donnée l’expansion économique que connait la ville).

Pour cette première matinée à St John’s, direction The Rooms, le plus grand centre culturel de Terre-Neuve et Labrador. Entre histoire, héritage, et expression artistique, l’endroit idéal pour en apprendre d’avantage sur la province. Et qu’y apprend-t-on ? Que Terre-Neuve a une longue histoire !  Je vous fais un très rapide topo mais sachez que c’est un peu plus complexe que ça.

(drapeau de Terre-Neuve et Labrador)

La première colonie européenne en Amérique a été fondée en l’an 1000 par les Vikings, à L’Anse aux Meadows, au nord-est de la péninsule d’Avalon (trop loin pour que je m’y rende). L’île a ensuite été occupée par les Inuits et les Boethuks (population assez énigmatique). Certains historiens affirment qu'au 15ème siècle, les côtes de Terre-Neuve auraient servi de lieu de pêche pour un grand nombre d’européens, notamment des pêcheurs venant de Saint-Malo, Dieppe et Barfleur. Durant ce même siècle, Jean Cabot, un italien au service de la couronne britannique suit le même chemin que Christophe Colomb. Son but est également de trouver un chemin vers l’Inde en passant par l’ouest sauf que lui, il va se heurter aux côtes terre-neuviennes puisqu'il accoste à Bonavista en 1497 où il fonde la première colonie britannique en Amérique du Nord. (Christophe Colomb débarque en Amérique en 1492 – juste pour point de comparaison). Jacques Cartier sera le premier à démontrer que Terre-Neuve est une île (vers 1535). Un poste de pêche est établi à St John’s en 1583. En 1610, la deuxième colonie permanente anglaise est fondé à Cupid’s. Dix ans plus tard, c’est celle d’Avalon qui est établie. Peu de temps plus tard, les français s’installent de l’autre côté de l’île, à Placentia (Plaisance). De là s’ensuit des guerres de colonisations entre les français et les anglais (pour changer !). Les guerres prennent fin vers 1710 lorsque la France renonce à ses revendications sur l’île de Terre-Neuve. Terre-Neuve revient aux anglais. Saint-Pierre et Miquelon reste français. Le temps passe et c’est au large de Terre-Neuve, pas très loin de Twilingate que le Titanic coule en 1912. La colonie de Terre-Neuve ne devient une province canadienne qu’en 1949 ! Avant cela, il s’agissait d’un dominion indépendant membre de l’Empire britannique (existence juridique séparée du Canada).

(Armoiries de St John's, propriété du Gouverneur général du Canada)

En ce qui concerne St John’s, comme je vous le disais, il s’agit de l'une des plus anciennes colonies britanniques en Amérique du Nord puisqu’elle date de 1583 (Jamestown en Virgnie, USA, a été établie en 1607). Les Français ont bien essayé de s’en emparer mais sans grand succès. La dernière de leur expédition a eu lieu en 1762 mais les Britanniques en reprennent la pocession à la suite de la bataille de Signal Hill. La ville de St John’s est presque entièrement détruite dans un incendie en 1892. Je passe les détails mais dernier élément « important », c’est des collines de St John’s que Marconi reçoit le premier message radio « sans fil » transatlantique en 1901. C’est aussi là qu’était installée une des bases du premier vol transatlantique direct en 1919. Et pour finir, j’ajouterai juste que le port a été utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale par les Alliés pour les convois. Ça en fait des choses pour une petite ville !!

Une des particularités de la ville de St John’s, c’est qu’elle est souvent plongée dans le brouillard… Ce qui lui vaut d’ailleurs la réputation de ville la plus brumeuse au Canada. Et effectivement, avant que les roues de l’avion ne touchent le tarmac de l’aéroport, je n’imaginais même pas que nous approchions du sol ! Et celui qui était capable de voir à plus de trois mètres en sortant de l’aéroport était… … Quel mot employer… … En fait, personne n’aurait pu voir à moins de trois mètres ! Autant vous avouer que trouver la voiture de location a été comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais contrairement à l’aiguille, la voiture a cet avantage d’avoir des lumières qui s’allument à distance et de faire du bruit. Voiture en main, me voilà partie pour trouver l’université de St John’s où j’ai décidé de loger cette semaine. Pas facile dans cet épais brouillard mais après 40 minutes de trajet (au lieu de dix par temps clair), me voilà arrivée au Memorial University. Malgré l’heure tardive, l’accueil a été formidable. Pouvez-vous imaginer un accueil parfait et souriant après minuit ?! C’est ce que j’ai eu ! Il ne reste plus qu’à se reposer avant de finir de s’installer et partir à l’exploration de ce nouvel endroit ! En croisant les doigts pour pouvoir voir quelque chose demain !

Ma petite escale à Toronto prend fin aujourd’hui. Me voilà repartie sur les routes… ou plutôt dans les airs cette fois-ci. Direction la ville de St John’s, aussi appelée Saint Jean de Terre-Neuve en français. La route la plus simple pour y arriver, c’est de remonter le lac Ontario jusqu’au fleuve Saint Laurent. Au bout de quelques temps de navigation on arrive au golfe du Saint Laurent. A partir de ce moment, le plus dur va être de ne pas louper la grosse île de Terre neuve. Si vous passez par la gauche, au pire vous arrivez au Labrador (toujours la même province)… Et si vous passez de l’autre côté… vous commencez la traversée de l’Atlantique ! Pour être sûre de ne pas louper l’île de Terre-Neuve, j’ai décidé de prendre l’avion ! C’est encore le moyen le plus sûr et le plus rapide !  Et lorsque les nuages ne vous bouchent pas la vue, c’est aussi la meilleure façon d’admirer tous les paysages qui se trouvent plus de 2000km sous vos pieds (le lac Ontario, la campagne, les forêts, les étangs/lacs, le golfe du Saint Laurent…). Je pourrai vous en parler pendant des heures mais plutôt que de me la jouer nouvelle « Zola »,  je préfère vous faire une brève présentation géographique car si tout le monde connait Québec, il n’est pas facile de situer St John’s.

Je pense que vous situez tous le Canada.

La province de Terre-Neuve et Labrador se trouve à l'est du pays, à l'est du Québec.

La province est assez vaste et tout doit y être magnifique. Seulement, j'ai décidé de passer mes cinq jours de vacances dans la péninsule d'Avalon qui se situe à l'est de la province. 

A l'est toute ! Je continue mon périple vers l'est puisque j'ai décidé de poser mes valises à St John's et donc à l'est de la péninsule d'Avalon !

Voilà ! Maintenant que vous pouvez situer mon lieu de vacances, je vais pouvoir vous en parler un peu plus longuement et vous faire découvrir ce petit coin de paradis.

Une moyenne de 16°c la semaine dernière à Québec. Beaucoup de vent et un peu de pluie. Des journées à 34°c avec un ressenti de 40°c hier et aujourd'hui à Toronto. Quand je pense qu'il y a quelques mois on avait 80°c de mois !! Choc thermique assuré ! Aujourd'hui, humidité en hausse et absence d'air... Même sur les îles de Toronto il fait trop chaud ! C'est dans ces moments là qu'on remercie l'inventeur de la crème glacée... Et c'est deux secondes plus tard, lorsque la glace commence à fondre et qu'on s'en fout partout, qu'on se met à le maudire !