Si vous cherchez le parc du Père Noël, ne cherchez plus. Il a pris ses quartiers à Carcassonne. Eh oui ! C’est ça la magie de Noël !

Pour pallier au manque de chalets place Carnot, Carcassonne et sa magnifique Cité fête la St-Nicolas. Pendant deux jours, le marché des artisans d’Art (ferronniers, marbriers, calligraphes, souffleurs de verre) s’est installé au cœur de la cité médiévale. Pour animer tout ça, les rues et les lices de la Cité sont aussi le cadre d’une grande fête médiévale. Bref, si vous voulez de l’animation à Carcassonne à Noël : tous à la Cité pour une plongée au cœur du Moyen-Age. Au programme : campements, ateliers médiévaux, spectacles de rues, musique, combats de chevaliers, démonstrations de tir à l’arc, initiation à l’escrime, jardin médiéval, balade avec des loups, atelier héraldique, râtelier d’armes, pilori, démonstration de cuisine au chaudron, crêpes au feu de bois, atelier de jonglerie… Une journée où tout le monde découvre et s’amuse !

Au mois de décembre, les chalets du marché de Noël s’installent sur la célèbre place Carnot, au cœur de la ville de Carcassonne, et présentent des idées de cadeaux, de l’artisanat venant de tous les pays, des décorations de Noël, des produits alimentaires, des produits du terroir… Bref, une balade sur le marché de Noël équivaut à une sortie dans le monde féerique de Noël… « La magie de Noël » comme la municipalité a décidé d’appeler son programme… A ce jeu, autant dire que les organisateurs ont déployé des talents incroyables en matière de magie. De vrais Houdini locaux ! Ici, ce ne sont pas des éléphants qui disparaissent à coup de prestidigitation mais les chalets ! Une promesse de trente chalets variés sur le papier. En vrai, deux allées et une quinzaine de chalets dont quatre consacrés au business du Père Noël et dix à la nourriture ! Autant dire qu’en 2017, j’ai fait le tour du plus petit marché de Noël que j’ai jamais vu ! L’avantage, c’est qu’on n’a pas froid longtemps en faisant le tour !

Pour donner raison au diction qui dit « pas d’hiver sans neige », trois flocons sont tombés sur Carcassonne. Attention à la catastrophe pour ces gens qui habitent entre le Massif central et les Pyrénées. Que les sommets alentours soient blancs c’est une chose, qu’il y ait deux flocons sur leur voiture c’en est une autre ! L’alerte neige est lancée et les portes des magasins se ferment pour ne pas laisser entrer le froid ressenti avec les 3°c extérieurs… Les microbes de l’hiver n’ont qu’à bien se préparer, on ne laisse pas l’hiver nous contaminer facilement ici !

Pour ceux qui ne le savent pas encore, le « Black Friday », c’est ce jour de l’année où les commerçants cassent leurs prix, en ligne et dans les magasins, pour inciter les clients à prendre une journée de congé, se lever de bonne heure pour faire la file devant les magasins, se bousculer pour entrer dans le magasins et casser la gueule à qui voudrait le même article qu’eux. En ce qui me concerne, aujourd’hui, je vous offre une petite légende économique. Selon certains dires, les commerçants nord-américains faisaient leurs comptes à la main utilisaient de l’encre rouge lors des périodes de déficits et du noir lorsque les comptes étaient excédentaires. On raconte que toute l’année les comptes étaient globalement déficitaires excepté le fameux vendredi qui suivait Thanksgiving, journée pendant laquelle les commerces devenaient rentables. C’est précisément pour cette raison qu’on parle de "vendredi noir" ou Black Friday. Rien à voir donc, avec la rumeur qui court depuis quelques années et qui affirment que le phénomène remonterait aux ventes d’esclaves (noirs) qui se tenaient jadis, en fin de semaine, sur la place publique.

Maintenant, quel est l’impact du Black Friday sur le sol français ? Euh… Y’en a un ? D’après ce que j’ai pu remarquer, l’impact est assez minime ce qui peut s’expliquer par le fait que le phénomène est arrivé en Europe en 2014… Une autre raison pourrait être que c’est un peu du foutage de gueule. Par exemple, certaines enseignes ne font de remises que si vous avez la carte du magasin. Dans ce cas, l’argent ne rentre pas directement dans vos poches mais s’accumulent sur votre carte fidélité. Pour les autres qui osent affichés des pancartes « Jours XXL », « Jours dicsount » ou « Prix fous », j’ai eu du mal, à Carcassonne à trouver des réductions intéressantes… Non pas que je cherchais quelque chose en particulier. J’étais juste curieuse de voir ce qu’on proposait en France… -5%, -8%... Parfois c’est la folie, on atteint les moins 12%... Ouais même les taxes ne sont pas remboursées avec la réduction ! Même sur les sites internet, on ne dépasse pas les -50% si on ne tombe pas sur une  vente flash… Malgré ça, les français connaissant l’existence du Black Friday seraient de plus en plus nombreux à se ruer dans les centres commerciaux… Je vous avoue que pour des réductions moyennes de 8%, y’a pas énormément d’embouteillage autour des magasins !  

Pour ceux qui ont déjà visité la Cité médiévale en plein été, voilà à quoi elle ressemble hors saison ! Méconnaissable ! Il n’y a plus personne ! Le paradis pour errer dans les rues tranquillement sans forcément piétiner, se faire bousculer ou marcher sur les pieds. L’architecture médiévale nous apparait alors dans toute sa splendeur.

Ces tours, ces barbacanes, ces portes et ces coursives résonnent encore des guerres, batailles et sièges qu’ils ont essuyés. Les Romains, les Wisigoths, les Sarrasins… Ils sont tous passés par là et ce même si la Cité a été conçue pour être imprenable. On s’en rend compte en entrant. La Porte Narbonnaise est un vrai chef d’œuvre de défense puisqu’un accès coudé interdit l’usage d’arme de siège. A l’intérieur, c’est un labyrinthe de couloirs et d’accès dissimulés. Par endroit, les murs de l’enceinte intérieure atteignent jusqu’à quinze mètres de haut. Mieux vaut ne jamais être trop prudent.

Ici, on a longtemps vécu selon la loi du plus fort. Du coup, les prouesses militaires sont incroyables. La citadelle est entourée par deux rangées de remparts. C’est une sorte de citadelle dans la citadelle. Si les assiégeants passent les premiers remparts, ils sont à la merci des assiégés. Gagner pour mieux perdre.  Au centre de la cité, on retrouve une dernière enceinte qui tend à protéger les bâtiments des comtes…. Celui qui y parvient a quelque chose d’invincible… L’aide de Dieu peut être…  

Parlant de lui, je ne rentre pas dans les détails mais voilà un pan de l’histoire de France très intéressant et encore plus riche. En plein Moyen-Age, dans la région de Carcassonne, un mouvement religieux défit l’autorité de l’Eglise catholique. Ses adeptes se désignent sous le nom de « Purs » ou de « Bons hommes ». L’Eglise les appelle les « Cathares ». Ils sont végétariens et affirment que les animaux ont une âme. Une hérésie ! Les Cathares méprisent et rejettent la puissance et les richesses de l’Eglise catholique (Aïe !). Ils prêchent l’humilité (Aïe ! Aïe !), la modestie (Aïe ! Aïe ! Aïe !) et le respect de la nature (Aïe ! Aïe ! Aïe ! Aïe ! ). Le catharisme connait un essor rapide aux 12^e et 13^e siècles (oh boy !). Le comte de Trancavel les laisse vivre sur son territoire. Carcassonne devient vite l’un des bastions de la nouvelle religion mais les Cathares sont un peu trop en avance sur leur temps puisque c’en est trop pour le Pape Innocent III ! L’Eglise se sent menacée et décide d’éradiquer le mouvement en appelant à la Guerre Sainte contre les cathares. C’est la première croisade de l’histoire entre chrétiens. Au matin du 1^er Aout 1209, une puissante armée se masse sur les rives de l’Aude au pied de Carcassonne. La cité tombe en moins de trois semaines… Les puits sont asséchés et la région connait de fortes chaleurs. C’est la soif qui va faire tomber la citadelle. En 1209, Raymond de Trancavel se rend aux Croisés et demande à ce que les habitants soient épargnés

Dorénavant, ce qui n’est pas vaincu par les armes l’est par la peur, celle de l’Inquisition. Surveillance, interrogatoire, torture, tous les moyens sont bons pour obtenir le nom des hérétiques ou de leurs sympathisants. Les cathares vont se réfugier dans les bois alentours. Seule une poignée d’entre eux réussit à s’échapper et va prendre refuge dans différents châteaux situés au pied des Pyrénées. Ce sera leurs derniers refuges… Jusqu’à ce que le Roi de France les rattrape et les assiège. Un à un, les derniers bastions tombent et les « Hommes bons » préfèrent monter volontairement sur le bûcher que de renier leur religion… Mais ça c’est une autre histoire.

Voilà ! Vous avez un très bref condensé de résumé de cette partie de l’histoire de France. Il fallait que je vous en parle parce que vous verrez, ici, c’est difficile de passer à côté du mot « cathare ». Autant que vous sachiez ce qu’il représente vraiment parce qu’il est encore plus difficile de passer à côté de leur histoire.

La Cité se trouve sur un promontoire au milieu d’une plaine baignée de soleil. Au loin, le massif des Pyrénées ferme l’horizon. C’est là que l’Aude prend sa source. Le fleuve passe au pied de la Cité avant de former un coude et de filer vers la Méditerranée. Les hauts-murs encerclent une ville fortifiée de 11 hectares ! Rien que ça ! Au 12^ème siècle, elle abritait 3000 habitants. Aujourd’hui ses remparts sont un livre de pierre. En tendant bien l’oreille, on peut l’entendre nous raconter la terrible histoire d’une cité qui a marqué l’histoire de France.

(Oui ! Oui ! Je suis sur la photo !)

Un peu de tourisme hors-saison aujourd’hui. Ça fait plaisir d’errer aux alentours de la Cité sans manquer de se faire renverser par des milles et des milles de voitures étrangères et se faire marcher sur les pieds par autant de Français venus visiter la forteresse médiévale. Après avoir vécu l’aventure dans les bus carcassonnais (si l’acronyme du réseau – RTCA – ressemble à celui de Québec – RTC – je vous assure que ce n’est pas pour rien !), me voilà arrivé en centre-ville. De là, dix minutes me séparent de la Porte Narbonnaise, l’entrée principale de la Cité. Je vous emmène donc faire un petit tour du centre-ville au pied des remparts. On commence sur le Pont neuf avec cette superbe vue de la Cité. Sur la photo, difficile de s’en rendre compte mais en vrai, même en arrière-plan, la Cité apparait bien plus grande et majestueuse que les maisons qui nous entourent.

Ensuite, on arrive sur le Pont vieux. Vieux pont de plus de 200m composé de douze arches de tailles variables. La construction du pont remonte au 14^e siècle. Il succède à un ancien pont datant de l’époque romaine. Sur la droite du pont se trouve la chapelle Notre Dame de la Santé qui doit certainement devoir son nom à tous les hôpitaux présents dans les parages !

Une fois le pont traversé, on arrive dans le contrebas des remparts avec ses rues étroites et sa fresque monumentale retraçant les grandes étapes de l’histoire de la Cité. Et puis, parce qu’il faut bien arriver à la forteresse, l’ascension vers la Porte Narbonnaise commence. Au fur et à mesure les toits de la ville se dévoilent. C’est simplement splendide !